L’artiste

Tout a commencé par un beau jour d’été 1974, période du retour à la terre et des babas plus ou moins « cools » en communautés. Quand on occupe un manoir un peu délabré de 13 pièces avec plein de cheminées et de la forêt autour, on n’a pas forcément besoin de pétrole pour se chauffer. La corvée de bois était souvent un plaisir ; mais comment attiser le feu avec des engins industriels déjà de mauvaise qualité, appelés soufflets à l’époque.

De là l’idée m’est venue, cré vingt dieux, d’en fabriquer. Je ne ferais pas tout de même aussi minable que deux foutus bouts de bois entourés de skaï. Je prendrais au moins du skaï sauvage, voire même du vrai cuir. Sans école ou formation dans ce domaine précis, avec un objet constitué de 17 pièces, il n’était pas si évident d’inventer le fil à couper le beurre ; d’ailleurs mes tout premiers soufflets étaient d’une nullité impensable aujourd’hui, l’embout en boîte de conserve a vu sa fin.


Le temps a passé, les modèles ont évolué. Les soufflets solides quasiment garantis à vie sont devenus objets d’art par leurs sculptures uniques, sans pour autant perdre leur fonction : raviver le feu. Ce feu qui nous ranime, rien qu’à sa vue, la vie s’éclaire et on reprend espoir, au moins un instant.

Gwavols